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De documentation.
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Sommaire

Présentation synthétique

  • Disciplines : arts plastiques, ecosophie, bioarchitecture, bricolage
  • Géographie : Colombie, France, Orléans
  • Période de réalisation : depuis 2008
  • Objet du projet : ce projet-lieu temporaire nomade d’inventions participatives autonomes sur des pratiques artistiques,coopératives, écologiques et sociales veut articuler théories et pratiques autour des formes d'organisation de systèmes, écosystèmes, formes de vie à la frontière entre la potentialité et la projection post-capitaliste-post-antropocentrique

Présentation du projet

Ark0 est un projet initié par l'artiste et vidéaste colombienne Paula Vélez. Elle le présente elle-même comme la tentative de poursuivre les projets collectifs qu'elle a pu initier en Colombie jusqu'en 2012, date à laquelle elle se réinstalle à Paris, ville où elle a mené ses études de cinéma. Laborincondelmar (En association avec Biblioteca Mariamulata Lectora), Pontevedraverde (avec eReciclaje), Terrik0lab (en collaboration avec Unloquer) , OSWASH (la machine à laver Open-source initié par Jean-Noël Montagné) sont autant de jalons posés sur une recherche qui imbrique étroitement l'urbanisme et l'écologie tout autant que l’œuvre collective & le développement de pratiques transversales, inter-disciplinées, libertaires relatives au contexte socio-politique. Une approche artistique qui fait appel aux connaissances en botanique, aux cabinets de curiosités, au surréalisme comme pratique décalée d’anarchisme pacifiste imaginaire, à la Marelle de Cortazar, au TAZ (Temporary Autonomous Zone), aux cours de Bauhaus de Paul Klee à la façon sud-américaine, au Nadaïsme-Dadaïste, à la pataphysique, la dérive situationniste, à l’improvisation de débrouillards survivants, à la pensée-en-cocktail-mix-distillé de Foucault-Guatari-Deleuze-Agamben. Derrière ces idées communes, Paula adapte des méthodes qui s'adaptent aux territoires qui accueillent ses projets. De manière sous-jacente émerge la thématique de la résilience, le tout prenant appui sur de fermes convictions issues de la culture libre.

Illustration de la métaphysique pédagogique de l'erreur, les plaisirs de l'empirisme et l'heuristique

Paula Vélez aime les projets collaboratifs de l'ordre de la réaction en chaîne permettant de construire de mini-écosystèmes, peut-être 'erronés' selon les dogmes socio-économiques qui n'acceptent que ce qui est consideré 'efficace'. Elle attend la sérendipité dans ce projets "qui semblent une erreur" par les possibilités de trouver un axe du sens à la création comme acte de joie éphémère sans un but autre que la création même, ce qui constitue un contre-pied au système. L’expérience du ‘des-oeuvrement’ rend possible le passage à des ‘formes de vie’ singulières-plurielles pour faire mûrir un projet vers une dimension du possible, une héterotopie. Les pistes explorées en Colombie lui ont permis de rebondir une fois encore en France. Nous reprenons ici des informations tirées des différents sites internet liés à tous ces jalons, mais surtout à la parole de Paula recueillie lors d'une série d'entretiens téléphoniques.

Les racines colombiennes du projet

Labo Rincon del Mar (2004-2012)

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2004 voit le début d'un travail documentaire, dont le tournage commence dans le village de Rincón del Mar sur la côte caraïbe colombienne, village intéressant pour la communauté afro-colombienne qui l'habite comme pour le biotope qui l'entoure, celui de la mangrove. A partir de 2007, l'idée initiale de documentaire s'élargit, surtout du fait d'un engagement croissant auprès de la communauté dans un projet plus ouvert et complet nommé Laborincondelmar[1]. Il naît l’idée d'une construction de plein air temporaire faites de matériaux locaux, d’un labo itinérant au cœur de la mangrove d'où les pilotis sur le modèle indigène, avec pour ambition de montrer qu'il est possible de monter des réunions éphémères avec des scientifiques, des agronomes, des artistes et les habitants. Cela débouche sur beaucoup du temps de recherche sur la question de l'eau, particulièrement celle de l'eau potable, la gestion des déchets solides et leur élimination, plus largement celui de la protection de la mangrove.

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Peu à peu, le projet de labo rejoint celui de création d'une bibliothèque qui avait démarré en 2002, Biblioteca Mariamulata[2] Lectora mené par un groupe de jeunes avec le soutien de Martín Álvarez.

En 2007, alors que la bibliothèque doit déménager, se présente l'occasion d'acheter un terrain permettant d'y aménager un espace adapté aux activités qui se sont mises en place.

En 2008, suite à une exposition photographique à la bibliothèque, des fonds sont trouvés pour le montage et l'inauguration d'un cinéma itinérant, ‘Cinemariamulata’. Une association avait déjà donné goût pour le cinéma à la bibliothèque notamment en réalisant un film avec les jeunes du village. Des projections en plein air[3] sont alors montées par les jeunes dans le village et les hameaux alentours. La réalisation du documentaire se poursuit avec quelques ateliers de cinéma en parallèle, pour que les jeunes de Mariamulata soient en mesure de documenter eux-même leur parcours, entre autres l’incontournable projet de bibliothèque. L'étroite collaboration qui se noue alors permet de mettre au jour une multitude de projets périphériques avec la tenue d'ateliers destinés à leur apporter des outils comme la tenue d'un blog, avant même qu'Internet n'arrive au village, l'initiation à l'informatique libre et sa philosophie avec GNU/Linux, l'initiation à l 'électronique et aux wearables, l'illustration des pratiques collaboratives et des réseaux sociaux sans réseau par le biais du papier, mettant en évidence des pratiques déjà existantes. On peut encore citer la participation à des concours pour la mise en place d'un forum de discussion, puis celle d'une radio communautaire, qui n'ont pu être menés à bien mais ont créé une émulation et une réflexion sur le devenir de la communauté. La bibliothèque est de plus en plus fréquentée, jusqu’à 150 enfants par jour, que ce soit pour faire leurs devoirs ou des activités plus artistiques ou en lien avec l'environnement.

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Le projet de construction avec un architecte de Medellín, dont la formalisation de la proposition a permis de lever des fonds qui ont permis à la Mariamulata d’acheter le terrain et une maison, avance en parallèle d'une réflexion menée avec les habitants, axé sur des fonctionnalités liées aux éléments naturels, Eau, Air, Feu et Terre. Ont suivi 2 années de concertations avec eux afin d'arriver au projet de bioconstruction[4] grâce au soutien entre autres du collectif Organizmo[5] de Bogota, dont les valeurs sont plus écologiques et proches de celles de la communauté que l'architecte contacté initialement ; très conventionnel dans ses intentions, les formes et les matériaux proposés.

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En fin de compte, et alors même que le chantier était à quelques semaines d'aboutir, le nouveau bâtiment n'a pû être achevé suite à des conflits de personnes (interruption abrupte de la collaboration avec une université californienne spécialisée dans la bioconstruction) tout autant que des situations sociaux difficiles en relation à des circonstances semblablement liées au ménaces, lorsque Paula Velez était déjà en France. Toutefois, des aménagements se suivent en harmonie avec les activités qui aujourd’hui se font à la Mariamulata. Le projet documentaire est en hibernation en France en attendant un retour de Paula en Colombie et le moment indiqué pour le finir.

Pontevedraverde (2009)

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Paula lance en 2009 un projet de voisinage[6] au sein de l'immeuble où elle habite à côté de Medellín. Il s’agit de mettre en place un dispositif de recyclage et de gestion des résidus solides, devant mener à terme vers la constitution d'un jardin potager et de toiture végétalisée. Elle en fait la proposition au syndic et lance des négociations lors de 2 assemblées générales, en lien avec E-reciclaje ainsi qu'avec une association d'embellissement du quartier et la mairie, intéressée par cette expérience de mise en place de composteur en pied d'immeuble.

On voulait pour avoir de la crédibilité face au syndic que la mairie nous donne son accord. Mais pour cela il fallait leur montrer le composteur déjà assemblé, et pour ce faire il fallait l'approbation par l’assemblée des copropriétaires et le syndic. Felipe Rague, de E-reciclaje[7], a réalisé un diagnostic sur les résidus solides et proposé un système de gestion des déchets, également valide pour Rincón del Mar avec des résultats positifs mais sans pouvoir aboutir à l'idée finale. Le syndic n'a pas accepté la proposition de Felipe car cela augmentait modérément les charges de copropriété au lancement. Ils n'ont pas compris que après quelques mois, le temps que la transition se mette en route et que les gens apprennent à faire le tri, la part de charges administratives allait se réduire et que le travail quotidien des travailleurs dans l'immeuble allait aussi devenir beaucoup plus digne et agréable sans qu'ils aient à manipuler tout le temps de la poubelle mélangée, que le jardinage allait améliorer la vie de voisinage, donner de la place à des retraités qui avait envie de s'y investir, que les enfants allaient apprendre sur le semences et les plantes, qu'il y aurait des temps de collecte de fruits et légumes pour le bénéfice de tous dans l'immeuble. Encore une fois, c'est un projet qui était trop novateur pour l'époque, pour le quartier. Toutefois, ces efforts ont porté leurs fruits un an plus tard, lorsque d'autres personnes et copropriétés se sont mises à faire le tri elles-mêmes.

Terrik0lab (2010-2012)

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A l'initiative de Paula Velez, le projet est monté avec un collectif de hackers Colombiens, Unloquer, réunis le plus souvent au hackerspace de Medellín. Terrik0lab est leur projet de réappropriation de la vie « terrienne », en mettant au point un lab / boîte à outils mobile permettant de relancer des pratiques d'agriculture, d'herboristerie, de recyclage au sein même de la ville, sur des sites devenant autant de micro-écosystèmes. Le principe de création est simple: créer une œuvre d'art en s'appuyant sur un écosystème intégré et circulaire faisant appel aux populations et savoir-faire locaux, aux technologies, à l'agriculture urbaine, à l'écologie, en s'appuyant sur les ressources locales pour servir les besoins des populations locales, dans un circuit court.

Le projet doit se réaliser avec le soutien du Musée d'Art Moderne de la ville de Medellín. Les chiffonniers qui œuvrent alentours disposent d'un vrai savoir-faire en matière de tri et recyclage des déchets. Comment valoriser leur apport à un moment où cette question du recyclage devient d'actualité et où des entreprises à forts capitaux se créent pour transformer ce service aux dépens des chiffonniers? Le recyclage est lié à l'emplacement du musée au coeur d'une vaste zone industrielle, avec des hordes de chiffonniers, organisés au sein d'un syndicat. Paula Velez et le collectif voulaient collaborer avec eux entre autres pour mettre en valeur leur capacité de bidouillage, de raccommodage, leur expertise dans le tri des déchets alors que les évolutions de la société colombienne les repousse à la marge (arrivée du tri en amont et industrialisation du processus). Le projet commence à prendre la forme d'un labyrinthe , une sculpture/machine/organisme vivant , un long parcours aquatique avec des poissons dont les différentes couleurs en passant devant des capteurs produisent des sons et des images projetées sur les murs. Projet lié à l'aquaponique, permettant la recréation exemplaire d'un écosystème équilibré par un circuit au sein duquel les poissons seraient nourris des lombrics issus du compost de la cafeteria du musée, poissons dont les excréments nourrissent des crustacés qui nettoient les racines des plantes de leurs algues, plantes qui elles-mêmes oxygènent l'eau. Il s'agit en somme d'une installation à la fois organique et interactive, mêlant hack électronique et savoir-faire immémoriaux, d'une expérimentation entre art, écologie et complémentarité sociale.

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Les objectif sociétaux sont alors les suivants :
  • sensibiliser au recyclage en s'appuyant sur la connaissance et les pratiques des chiffonniers du quartier dans lequel se trouve le musée
  • valoriser les savoirs des chiffonniers en les faisant participer à la fabrication et la mise en route de l'installation
  • créer du lien entre les gens du quartier, les chiffonniers, des artistes et des hackers : le tri désormais opéré par les habitants pourraient être perçu comme un don
  • de plus, une action pédagogique devait être menée avec un groupe de personnes déplacées, essentiellement agriculteurs, littéralement transplantés dans le béton, sur le lancement d'un potager.

Se dessine alors une collaboration entre les parties suivantes : le musée d'art moderne, sa cafétéria, les chiffoniers du quartier, les habitants des barres d'immeubles alentours, un ingénieur hydraulicien, un électronicien, un ingénieur du son, un designer, un paysagiste, un botaniste, un architecte, des réfugiés…

Le montage de l'installation était prévu dans le cadre de 'Inter-Venga', dans la halle centrale du musée entre les temps de démontage et montage des expositions. À une semaine de l'installation, les commissaires d'expositions du musée annulent l'installation de la première de Terrik0lab, après avoir disqualifié la dimension artistique du projet. Cette décision rend perplexe le groupe dont le projet avait été monté en partenariat avec une représentante du musée ainsi que le directeur du département d'éducation et culture. La démarche multidisciplinaire et sociétale ne serait pas artistique, malgré les nouvelles pratiques contemporaines qui, en Europe, allient régulièrement, arts plastiques, ingénierie, écologie et social. Comment appliquer de façon pratique une pensée politique sur un sujet esthétique, en s'inscrivant dans une démarche artistique ?

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Paradoxalement, le musée préfèrera financer la venue d'un artiste étranger plutôt que des artistes locaux inscrits dans une même démarche.

Cette réaction pose avec acuité la question de la qualification de l'art et plus en encore de l'autorité qui est légitime pour énoncer cette qualification.

Et quelle volonté réelle s'est cachée derrière cet affichage politique? Une pratique répandue des institutions culturelles consiste à absorber les idées proposées par des groupes et individus de collectifs indépendants,pour développer ensuite les projets sans leurs initiateurs...

Ainsi, une fois rendue en France, Paula Vélez est contactée pour relancer le dossier de demande d'aide auprès de la Banque Interaméricaine de Développement, la BID. Une fois le dossier écrit, le Musée en a fait une adaptation pour une demande de bourse auprès d'une autre institution, européenne cette fois-ci, bourse obtenue, mais sous un autre nom. Deux personnes dont une faisant partie du groupe de départ du projet, se sont appropriées le travail multidisciplinaire, collaboratif et collectif de Terrik0Lab, sans que celui-ci ne soit jamais ni reconnu ni rémunérés. Il faut dire que les pratiques de transparence du groupe (utilisation de pads en ligne librement accessibles) ne mettaient aucun frein à un potentiel copier-coller. On pourrait dire qu'en l’occurrence il s'agissait d'un copier-voler.

Précisément, Paula Vélez revendique l'art comme un prétexte pour faire de l'activisme,dans une logique de réappropriation. On peut alors parler d'hacktivisme. Ce qui est revendiqué sous ce terme, c'est que les idées n’appartiennent à personne. Une idée flotte dans l'air du temps. Un grand nombre d'individus peuvent œuvrer au même sujet simultanément tout en étant totalement dispersés. Elle y voit là une bonne raison pour mettre de côté les egos dans l'art comme dans l'activisme ou le hack. Dans sa vision, ce qui doit être respecté, c'est le travail mené autour de l'idée, sa conceptualisation, son écriture, bref, sa mise en œuvre. Ce qu'elle critique, et ce dont elle a souffert, est le manque d'éthique des individus qui travaillent dans les musées et institutions quand ils s’approprient des projets artistiques ou pédagogiques développés par des tiers pour les adapter, les décontextualiser, et ainsi neutraliser leur potentiel d'action et leur saveur, qu'elle qu'en soit leur teneur. Elle en a tiré la leçon qu'il est nécessaire de se préparer comme artiste ou concepteur à ce genre de pratiques, d'apprendre à protéger son travail. On constate ainsi qu'un projet très intégrant et transversal redevient hiérarchique et appauvri, avec comme déclencheur un conflit esthétique, qui ne serait ainsi qu'un outil dans un jeu de pouvoir.

Mais peut-on avoir une démarche ouverte sans se la faire voler ? Comment aborder la temporalité d'une idée manifestement en avance sur son époque ? Il reste encore à mettre au point un processus beau, qu'on trouve une méthodologie adaptée, que les expériences du passé nous servent à faire mieux, qu'on apprenne à ne pas se laisser faire par les institutions ../.. qui adaptent les projets à leur profit en oubliant les biens communs.

Tâtonnements, recherches et pratiques. Les débuts d'Ark0 entre la Colombie et la France

2012 : retour de Paula Vélez en France. Dotée d'une forte tendance au nomadisme, elle a pour projet de continuer de collectionner les expériences en Amérique latine et avec les pays d’Afrique de l'Ouest, dont sont originaires les communautés afro-américaines. Le fil rouge tient à ses recherches sur l'autonomie dans le travail et dans la vie en général. Cela se fait via des rencontres comme celles d'André & Ursula du tmp/lab, d'Olivier Heinry via le réseau LabToLab et LabSurLab, ainsi que via le réseau Bricolabs qui la mènera jusqu'au festival Apadoloup.

2012 : festival Apadoloup

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Lors de son passage au festival Estive Numérique1 consacré à l'autarcie et l'autonomie à l'ère du numérique, organisé à 1800m d'altitude dans des conditions spartiates, elle rencontre à la fois Jean-Noël Montagné, l'un des organisateurs de l'événement, qui l'entretient de son projet de machine à laver écologique, et Bilou, l'un des participants. Avec ce dernier et quelques autres amis, leur vient l'envie de monter un nouveau festival, Apadoloup2, qui a lieu en juillet 2012. Les envies? Partager des savoirs, construire ensemble des solutions, ne plus monter ses projets seul dans son coin. Le questionnement ? Faire converger dans la fabrication d'un objet des éléments sociologique, philosophique, politique, écologique, y associer une fonctionnalité, une esthétique, des matériaux recyclés issus du contexte local. Les moyens ? ne pas utiliser de source d'énergie issue du réseau au profit de sources d'énergie locales disponibles gratuitement maisutiliser des matériaux soit recyclés, soit disponibles au meilleur prix localement pour redonner du temps aux humains.

Il s'agit donc de créer encore une fois une synergie entre hackers et artistes mais dans un contexte rural assez isolé pour faire la preuve qu'on fabriquer ensemble sans connaissance ou savoir préalable : atelier de radio ou d'électronique, de prise de vue super 8, fabrication d'un four solaire et de toilettes sèches, autonomie énergétique avec la construction d'éoliennes, ainsi que prototypage d'une machine à laver dont la source d'énergie provient du mouvement oscillatoire provoqué par le vent dans un mélèze.
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Cette machine à laver relie par une corde la cime d'un arbre très haut au pédalier d'un vélo. Les oscillations de la cime sous le vent permettent d'activer les pédales dans les 2 sens. Une démultiplication entraîne le tambour d'une machine dans les 2 directions.

La machine à laver-arbre est une idée de Jean-Noël Montagné. Paula a développé le pédalier, Bilou a mis à disposition le terrain arboré, un autre avec un kit d'escalade relié une corde à la cime. Un lest a été fabriqué en coulant du béton dans une roue de vélo. La machine à laver a été récupérée dans une décharge proche. Jean-Noël s'appuie sur les apports de tous pour améliorer son idée de départ et collecter les matériaux recyclés disponibles sur place. Comme à Unloquer, le travail collaboratif au sein du groupe a bien fonctionné, où tout le monde participe à l'élaboration à partir d'un premier "brin d'idée" apporté par un individu mais qui émerge par agrégation des propositions des uns et des autres.

Cette machine est plutôt absurde dans le sens où elle n'est pas totalement fonctionnelle. Mais son détournement des conventions sociales et des forces de la nature est plaisant. Cette machine sera à la racine du projet Ark0 dans ce cas de fabrication à partir de matériaux détournés.

Enfin, un atelier de fabrication de savon a été mené, suivant deux recettes différentes, l'une à base de cendres, l'autre à base de soude caustique, sans grand succès. De nouvelles tentatives menées ultérieurement lors d'une résidence à Orléans seront beaucoup plus fructueuses.


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2014 : La machine à laver open-source

Courant 2013, Paula Velez intègre la coopérative Artefacts. Elle bénéficie alors d'une opportunité de résidence au 108, lieu associatif orléanais qui héberge également le Labomédia. Il s'agit d'un projet sans fonds ou presque, avec une simple mise à disposition d'un espace (le Bol) et une sommaire mise en réseau. Paula invite Jean-Noël Montagné (Nice, fondateur du Craslab) à la rejoindre, ainsi que Rob van Kranenburg, membre belge de Bricolabs, tous deux rencontrés via ce dernier forum à l'époque du projet de Labo à Rincón del Mar. Un collectif est monté, un appel est lancé : Le collectif OSHW/bricolab propose un atelier de 10 jours pour créer un prototype de machine à laver open source pour les pays pauvres dans l'optique d'émanciper les femmes. Ils seront rejoints par une étudiante des Beaux-Arts de Paris, qui a déjà fabriqué un prototype de machine à laver conçue pour fonctionner au fil de l'eau, ainsi qu'un groupe d'étudiants des Beaux-Arts d'Orléans et l'artiste suisse Cédric Carles, inventeur d'un sound-system doté de panneaux solaires.

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La première idée derrière cette résidence est de l'ordre du workshop : il s'agit de se relancer dans la construction de prototypes, les moins coûteux possible , à partir de matériaux de récupération et/ou abondants, faisant appel à des sources d’énergie non-électrique, optimisant la consommation d'eau, la fabrication de savon... En dehors du modèle mû par le balancement de la cime d'un arbre développé en 2012, Jean-Noël Montagné avait déjà eu l'occasion de travailler avec un groupe d'étudiants de l'école d'Aix-en-Provence à un prototype fonctionnel rappelant la pratique, du Pico, ces sound-systems d'Amérique latine déplacés sur des pick-ups, dont les vibrations basse fréquence sont suffisamment puissantes pour être détournées afin de laver du linge.

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Mais il s'agit tout autant de rassembler de la documentation sur les mille et une manières de laver du linge sur la planète. Dans sa grande majorité, le ligne est lavé à la main par les femmes, parfois par les enfants, beaucoup plus rarement par les hommes, qui sont alors en général payés quand ils assument cette tâche. le but est de constituer un ensemble de propositions alternatives viables au seul investissement dans de l'électroménager industriel, destiné qu'à la seule ménagère. Aux yeux du collectif, l'émancipation ne vaut que si elle s'adresse à tous, que ce soit sous les Tropiques ou en Occident, en milieu urbain comme en milieu rural. Les axes de recherches sont donc les suivants :

  • processus techniques et sociaux du lavage ;
  • détergents alternatifs (plantes et chimie) ;
  • filtrage et gestion durable de l'eau ;
  • stratégies de dissémination du changement.

La dimension visuelle de l'atelier commence par une collecte d'images sur la lessive à travers le monde, dont les sources iconographiques se retrouvent ensuite toutes imprimées sur des support A4 suspendus à des fils traversant l'atelier, ce qui fait émerger une scénographie où l'on se retrouve autant dans un atelier de maker que dans un lieu d'exposition, où les prototypes ont autant une valeur technique que sociale ou esthétique.

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